La période de sociabilisation du chiot

Introduction

À la naissance, le cerveau du chiot n'est pas "finalisé", pas plus que celui d'un chat ou d'un humain. Le cerveau du chiot nouveau-né contient une quantité très importante de connections entre cellules nerveuses, ou synapses. Certaines seront utilisées dans les premières semaines de vie, d'autres pas. À partir de sept semaines et jusqu'à l'âge de quatre mois, un grand nettoyage a lieu dans le cerveau : les synapses qui ont déjà été utilisées sont conservées, les autres sont éliminées. D'une manière un peu caricaturale, on peut donc dire que le chiot qui n'a pas fait travailler telle partie de son cerveau avant quatre mois, la perdra définitivement à ce moment-là.
 
La période comprise entre l'acquisition de la vision et de la motricité, et ce grand nettoyage, est appelée période sensible : les apprentissages qui n'ont pas eu lieu pendant cette période seront difficiles, voire impossibles à réaliser par la suite : un chaton qui n'a vu que des lignes verticales au cours de ses premiers mois ne saura pas distinguer les lignes horizontales. Un enfant qui vit isolé, sans apprendre à parler pendant ses premières années, aura beaucoup de mal à acquérir le langage par la suite.
 
Plusieurs processus importants prennent place durant cette période : l'acquisition de la communication et de la hiérarchie qui font l'objet de fiches à part, l'imprégnation, l'acquisition des auto-contrôles et du filtre sensoriel, et finalement le détachement qui conclut la socialisation.

L'imprégnation

C'est le processus par lequel un animal identifie son semblable : les individus avec lesquels le chiot est en contact étroit avant le quatrième mois, (sa mère notamment), sont reconnus comme ses semblables, et ce sont eux qu'il choisira plus tard comme partenaires sociaux et sexuels. Un chiot élevé exclusivement avec des humains, se prendra pour un homme et refusera tout contact avec les autres chiens.
 
Application : un chiot ne doit pas être séparé trop tôt de sa mère. (Si possible, pas avant l'âge de 7-8 semaines). Il doit avoir des contacts précoces avec d'autres chiens adultes, (connus et en bonne santé si le chiot n'est pas encore vacciné). Il faut aussi lui présenter les autres espèces avec lesquelles il devra vivre, (humains et en particulier enfants, chats, lapins, etc), afin qu'il ne les considère pas comme des proies. (Le contre-exemple parfait étant le chien de combat élevé seul dans une cave, sans jamais voir personne).

Le filtre sensoriel

Lorsqu'un jeune chiot entend un bruit qui lui paraît effrayant, il a une réaction de peur. Mais s'il se rend compte que le bruit ne provoque pas de conséquence désagréable pour lui, et que sa mère n'y attache pas d'importance, il réagira moins les fois suivantes, et s'y habituera : il se crée ainsi un "filtre" qui ne laissera plus passer le bruit en question vers le centre des émotions du chiot. Un chien adulte équilibré ne réagira donc qu'aux bruits ou aux évènements très violents, dépassant largement ce à quoi il a été habitué lorsqu'il était chiot.
 
Applications : Il faut donc que le chiot soit habitué à toutes sortes de bruits, de personnes, d'évènements, entre un et quatre mois, afin de construire correctement son filtre sensoriel : le chiot doit être sorti, habitué à monter en voiture, à voir passer des mobylettes, à entendre l'aspirateur et les « bangs » d'avion, le tout dans une ambiance sereine, voir joyeuse. Il doit aussi disposer d'une variété de jouets. On a alors toutes les chances qu'arrivé à l'âge adulte, il ne soit pas apeuré en présence d'inconnus ou lors des feux d'artifice du 14 juillet. A contrario, un chien élevé jusqu'à l'âge de six mois dans un chenil perdu au milieu des montagnes s'adaptera difficilement à un environnement riche en stimuli : il y a un risque qu'il ait peur des gens, des camions poubelles… dans les cas extrêmes, le chien reste caché toute la journée sous un buisson ou derrière un meuble, et ne sort que la nuit pour s'alimenter. On peut obtenir un résultat similaire si la mère du chiot a elle-même été élevée en milieu hypostimulant et réagit violemment au moindre bruit : le chiot ne pourra évidemment pas construire correctement son filtre sensoriel. L'absence de filtre adapté au milieu de vie du chien adulte conduit au syndrome de privation sensorielle.

L'aquisition des auto-contrôles

Lorsqu'un chiot "exagère", mord sa mère, embête ses frères et sœurs qui se mettent à crier, sa mère intervient, par exemple en le mettant sur le dos, en prenant sa tête dans la bouche, voire en s'asseyant sur lui. Le chiot comprend rapidement qu'il est puni s'il dépasse un certaint seuil d'excitation : il apprend à se contrôler, acquiert les auto-contrôles. En revanche, si la mère est laxiste, ou doit s'occuper d'une portée trop nombreuse, ou si le chiot est séparé de sa mère très jeune, et éduqué par des humains qui n'ont aucune notion d'éducation canine et se laissent mordiller les mains sans réagir, le chiot n'acquiert pas les auto-contrôles : devenu adulte, il ne saura pas s'arrêter. Dans les cas extrêmes, il réagira exagérément à tout, dormira peu, mangera sans satiété, jouera sans retenue, mordra sans contrôle, détruira tout ce qui est à sa portée. C'est le syndrôme d'hypersensibilité hyperactité (HSHA).
 
Applications : le chiot doit rester suffisamment longtemps avec sa mère, (jusqu'à l'âge de
7-8 semaines), pour avoir le temps d'acquérir les auto-contrôles, à condition bien sûr que la mère soit équilibrée. Dans le cas d'un chiot orphelin ou adopté jeune, ou d'une mère incompétente, les humains doivent jouer le rôle régulateur de la mère en fixant des limites au chiot : interdire les mordillements et les jeux de tiraillement, imposer des phases d'arrêt dans le jeu, (faire poser la balle par le chiot), le féliciter quand il se calme, etc. S'il y a d'autres chiens adultes bien équilibrés à la maison, on peut aussi leur faire jouer le rôle de régulateur ("chien thérapeute") auprès du chiot.

Le détachement

Lorsque le chiot devient "adolescent", vers l'âge de six mois, son aspect et ses odeurs se modifient. Il est alors progressivement repoussé par sa mère, qui commence par le rejeter du lieu de couchage avant de lui interdire purement et simplement d'approcher. Cette rupture du lien d'attachement provoque de la détresse chez le jeune chien, mais cet état ne dure pas : il semble que le chiot passe d'un attachement exclusif à la mère, à un attachement au groupe social, par le biais des rituels de la meute. En revanche, le maintien artificiel du lien d'attachement entraîne des troubles comportementaux sévères, notamment en ce qui concerne les relations sociales.
 
Application : À partir de l'âge de quatre à six mois chez le mâle, un peu plus tard chez la femelle, il ne doit plus y avoir un lien exclusif entre le chiot et un seul membre de la famille. De même, le jeune chien ne doit plus avoir le droit de venir sans arrêt imposer sa présence aux humains, pas plus qu'il ne pourrait le faire dans une meute, avec les individus dominants : il ne faut donc pas hésiter à repousser un jeune chien envahissant. En revanche, on peut l'appeler aussi souvent que l'on veut, pour qu'il vienne se faire caresser : ce sont les propriétaires qui ont l'initiative des contacts, et pas le chien. Il faut aussi habituer le chiot à rester seul, avec des départs aussi rapides que possible ; (surtout pas de longs discours qui ne signifient rien pour le chien et ne servent qu'à l'angoisser). Au retour, il ne faut pas regarder le chien s'il manifeste de façon exagérée, et ne le caresser que quand il s'est calmé.

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